De l’amour, des amours

Question bateau : comment reconnait-on l’amour, et comment le différencier de la passion d’une part, de la passade d’autre part (tiens, je vais breveter le rapprochement de ces 2 mots dans ce sens, avec la sonorité voisine qu’ils ont, c’est une mécanique dont les anglo-saxons raffolent ). Je propose de rapprocher cet amour d’un homme et d’une femme de la tragédie classique.

 

Amour et tragédie nécessitent tous deux la construction, la mise en communication des intervenants, des situations. C’est une distinction entre l’amour et la passion : la relation amoureuse s’inscrit dans le temps et l’espace, dans la linéarité, on le tisse, tandis que la passion amoureuse concentre en la notion d’instantané toute sa substance. Sans avoir la fulgurance de la passion, la passade s’accomode aussi fort bien d’un été, d’une saison, d’un séjour, et tolère plutôt bien de patienter jusqu’à la prochaine saison.

 

L’amour s’articule autour des règles de l’unité : unité de temps, unité de lieu et unité d’action.

Introduisez du délai entre les échanges amoureux et vous effritez immanquablement la solidité de la relation.

Introduisez de la distance entre les corps, et les corps réclameront leur dû à ce peu de neurones qui régissent nos impulsions (sans parler du reste, à tendance mécanique chez les hommes et chimique chez les femmes… mais bon c’est un autre débat )

Introduisez de la divergence dans le projet du couple, et vous introduisez de la frustration qui, si elle peut malgré tout résister au temps, altère la plénitude de ce qu’on attend tous de l’amour vrai. Amour vrai n’est pas amour braque. Il est amour de face, certes, mais quand il s’agit d’accepter de s’effacer comme le trait du peintre japonais qui fait place au plein vide de la toile. Quand il s’agit d’enfouir une part de soi, ce n’est plus de l’amour, on tombe à minima dans la conduite qu’on s’impose par le contexte social (qu’est-ce qu’on va dire dans le quartier si ?), voire dans une vision quasi-chrétienne de la rédemption.

L’amour est interface, dans ce qu’il nécessite d’échange et de communion, en respectant dans leur entier l’homme et la femme. Cela ferait un joli titre de nouvelle ou de roman, "l’amour interface". Interface en tant qu’adjectif, à accorder avec le nom. Ou bien : "les amours interfaces". Vous en pensez-quoi, je brevette aussi ?

 

Se peut-il qu’il soit fusionnel, dans la concrétisation de l’enfant ? Je ne le crois pas, car l’amour de l’enfant n’est déjà plus l’amour du couple. Même s’il y a d’évidentes correspondances, il y a changement de nature et de support. j’en veux pour preuve que l’un survit le plus souvent à l’autre. De façon normale, dans le regard du parent pour l’enfant, il y a la transparence. Le regard de la séduction, lui, se veut souvent mystérieux, ténébreux… Il est peut-être dommage que notre langue n’ait dissocié qu’en adjectif ces amours si différents, mais j’aime penser que cet indissociable réside dans l’intensité équivalente de ces deux amours.

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A propos anthonypace33240

curieux de tout ou presque, qui aime la musique, les gens, et la vie !
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